Latences

Je ne suis pas le premier à marcher en banlieue avec mes obsessions. Ceci je le dédie aux premiers.

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À la vue d’un sacré cœur près de la rue Barbusse

Nous avons investi les marges des villages de terrains paroissiaux dédiés au sport pour nos enfants, ils ont construit de dérisoires cheminements du pigeonnier à la chapelle. Maintenant, la beauté s’éteint tristement dans l’encrassement du béton gris, après une dernière gerbe d’étincelles, un embrasement triste.

Ce n’est pas pour le confort, le commerce, ni même pour la sécurité. Nous avons laissé mourir les terrains d’aventures au profit des parkings qui entourent les rues qui y mènent.

Des pas hésitants le long de murs aveugles ne nous ramèneront pas les lilas, les glycines, les cerises vertes d’avant les vacances. Un puits, une bouteille cassée, un carrefour, un cycliste, tous ridicules, tous ont disparu. Les ouvertures virtuelles, on les aperçoit bien, on n’y grimpera jamais. Un soleil et quatre poubelles montent la garde près d’une cinquième.

Les roues de M…

Pour les gens de M…, les lueurs du couchant s’affaissent sur la façade réfléchissante de l’hôtel, des gamins passent, picorent, l’un court avec un pain bientôt plus grand que lui.

Où veut-il en venir ? nulle part, voilà qu’il a tout dit. Il a produit un schéma avec une porte, une rue, un arbre, cela lui suffit-il, non, mais il n’a rien de plus à offrir, lui aussi, il cherche.

Fin de l’hiver, le soleil passe sous les roues du train qui m’amène et cercle d’or les troncs le long de la voie. L’ombre met en lumière la magie.

Vu dans une tasse de café

La cour, pavée d’un opus incertum assez lâche, se fondait imperceptiblement avec le motif des fleurs dont la pelouse était couverte en cette dernière journée d’hiver. Le soleil timide laissait dans l’ombre les imposants murs des bâtisses proches, dont la silhouette – cheminées rectangulaires, lucarnes et autres verrues – permettait d’entrevoir l’habillage de pierre meulière typique de la contrée.

Bonjour la tête qu’il a fait quand il a vu mon foulard. Le froid nous sautait dessus comme un gosse tout fou, le jet d’eau, les pigeons, les gens bougeaient, avec juste raison. J’ai remis mon manteau en frissonnant en sortant. Des cimes dénudées, des bus, des pieds sous des manteaux noirs

Pas pareils

Je confie à mes pas le soin de se souvenir de cette route, ils accomplissent leur mission et s’envolent, légers, laissant la route neuve. La route angoisse-t-elle, personne ne se souvient d’elle, pas même un moustachu. Elle songe à se faire petite, humble, pour le jour où les arbres l’écartèleront, bientôt.

On a éteint les lumières, la route est noire et pleine de trous et d’embûches pour les vieilles personnes. C’est doux de fermer les yeux, les pas pourvoient, s’élancent, sont loin.

Qui sait si on se reverra, la route peut m’appeler, je suis sur toutes les routes – pas léger, pas absent, pas égaux, pas pareils.

Petit-Bercy

Commençant’ et ‘finissant’ suffit-il à définir un réseau de voies ? Exemple avec les rues du petit-Bercy. Une extrémité débouche sur zéro, impasse, une, prolongement, ou plusieurs, carrefour. Plus difficile, ces rues langoureuses ont tendance à se croiser.

Y a-t-il une solution unique à une définition limitée à ‘commençant’ et ‘finissant’, ou bien faut-il, soit d’autres infos, soit d’autres conditions ?

L’indication des croisements serait un plus mais, comme avec des noeuds, il y faut ordonner les croisements. S’il y a des rues circulaires on rigole. Le plan du village peut ainsi ressembler au dessin de la clé de voûte de son abbaye.

Les accidents, ponts, travaux, lorsqu’ils jouent, compliquent encore l’espace. Une planète-labyrinthe n’est pas une ville, les frontières, les clôtures forment un complément des voies selon un dessein non porté sur la topologie. La vie des villes – elles ne sont que parce qu’elles bougent – implique des procédures de mise à jour.

  • Voir aussi : Latences (II)

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