Mégalithes

Il y a plus d’un siècle, des recherches étaient faites dans le Hurepoix et un compte-rendu donné sous cette forme :

« Convaincus qu’il devait se trouver dans nos localités des restes de l’industrie primitive de l’homme, nous avons, il y a quelque vingt ans, mon regretté ami de Souancé et moi, parcouru tous les environs, cherchant patiemment les moindres traces qui pouvaient nous mettre sur la voie, explorant les carrières, les sablières, les murgers, les tourbières. »

– Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Etampes et du Hurepoix, Paris, 1898 – Article : Le Préhistorique en Seine-et-Oise

Un murger dans cette acception, souvent rencontrée dans les noms de lieux, est une butte ou un tas de pierres de dimensions déjà considérables.

  • Villeneuve-le-Roi

« Sur la rive gauche de la Seine, un peu en aval de Villeneuve-St-Georges, à 2 kilomètres environ au N. E. de la gare d’Ablon.

Ce mégalithe est nommé dans le pays, la Pierre fitte ou fritte. Il a la forme d’un bloc triangulaire, ayant à la base 1 m. 90 sur 1 m. 23. C’est un bloc de meulière tendre dont la structure n’est nullement homogène : de sorte qu’il s’effrite constamment sous les actions atmosphériques. Actuellement il n’a que 1 m. 50 de haut. Sa hauteur était bien plus considérable en 1864. A. Barranger, archéologue, nous apprend qu’il avait 2 m. 50 de hauteur. »

– Bulletin de la Société (op.cit.)

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Villeneuve-le-Roi – La Pierre Fitte

La pierre fitte signifie sans doute la pierre fichée en terre. Aujourd’hui, au pied du monument on peut lire : – Ce menhir la Pierre Fitte classé monument historique le 30 mars 1887 transféré de la Plaine Basse en ce lieu le – février 1965

Le transfert d’un monument classé fait perdre énormément d’intérêt et d’informations mais il y a d’autres exemples, comme le Pont des Belles Fontaines à Juvisy. C’est que des impératifs économiques ou autres prévalent.

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– Déplacements chiffrés des mégalithes

Érigé aux environs du 4e millénaire avant notre ère, le menhir, autrefois sis au lieu dit la Pierre Frite, a attendu 6 000 ans pour bouger de 2,23 km vers l’ouest dans le parc de la mairie, grâce au mana du conseil municipal et sous le mandat de M. Cartier.

436,23 / 2,23 = la distance jusqu’aux alignements de Carnac est 196 fois plus importante. Dans 6 000 x 196 = 1 176 000 années, les savants se demanderont pourquoi une pierre en meulière du bassin parisien a rejoint des alignements en granite breton.

Noter à l’inverse que « À sa mort, Charles Piketty, carrier, fit extraire par 40 hommes un dolmen en Bretagne et le fit rapatrier à Meudon (Hauts-de-Seine) pour l’y enterrer. » (via Le Parisien)

  • Vigneux

« À l’angle S. O. de l’excavation, servant à l’exploitation du sable, appartenant à M. Piketty, sur la rive droite de la Seine, à environ 300 mètres du fleuve (territoire de Vigneux), se dresse un bloc de grès mesurant 2 m. 10 de hauteur, 1 m. 40 de largeur et 0 m. 60 d’épaisseur. Au sommet se trouve une cavité en forme de fer à cheval.

– L’exploitation du sable s’est étendue et a gagné la partie de la plaine où se trouve le menhir ; il paraissait ainsi voué à une destruction prochaine ; mais un archéologue dévoué, membre de notre société, M. G. de C., a obtenu qu’un îlot assez étendu fût réservé autour du monolithe de Mousseaux. »

– Bulletin de la Société, op. cit. (1898)

[M. G. de C., d’après la liste des membres figurant dans l’opuscule, pourrait être M. Georges de Courcel ; tandis que le Baron Alphonse est Ambassadeur et Sénateur et Valentin est maire d’Athis-Mons]

La Pierre de Mousseaux donne son nom à un lieu-dit entre château et fleuve :

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Vigneux – Pierre de Mousseaux (cartes 1820, 1900 et 1950)

Le menhir est désigné sur la carte IGN actuelle et semble visible sur une vue aérienne :

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– Vigneux – Pierre de Mousseaux (carte et vue actuelle)

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– Vigneux – Pierre de Mousseaux

  • Janville-sur-Juine

« Ce monument, en très bon état de conservation, est situé à environ 300 m. de la ferme de Pocancy. L’endroit porte sur la cadastre le nom de Champtier de la pierre levée … Le dolmen se compose de onze pierres, neuf supports et deux tables. Elles forment une chambre assez régulière, exactement orientée de l’Est à l’Ouest et précédée à l’Est d’un vestibule …

La dalle principale a 4 m. 10 de longueur, 3 m. 60 de largeur et en moyenne 0 m. 55 d’épaisseur. Le poids de cette pierre peut être évalué à 16.000 kilos. environ.La Pierre levée est entièrement construite en dalles de grès : elle se trouve, du reste, au milieu d’une région parsemée de rochers de cette nature et tout autour se trouvent des exploitations de carrières pour pavés. Elle a dû être complètement recouverte d’un murger de pierres calcaires dont il reste encore une partie autour de la base …

Le dolmen fut acheté en 1872 par M. de Souancé, dans le but de le soustraire à la destruction. Nous fîmes quelque temps après une fouille aussi profonde que possible. Nous ne trouvâmes que des cendres, un tranchet en silex, quelques pointes et des débris d’ossements humains. »

– Bulletin de la Société, op. cit. (1898)

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– Janville-sur-Juine (cartes de 1950 et actuelle)

Noter le chemin de la Grande Borne qui peut indiquer la trace d’un autre monument mégalithique aujourd’hui disparu.

Janville-sur-Juine semble détenir l’un des deux seuls dolmens du Hurepoix ou même de l’Essonne, l’autre est le Grès de Linas, situé sur la commune de Congerville-Thionville :

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– La Pierre Levée : Dolmen de Janville-sur-Juine (via Bulletin de la Société, op. cit.)

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– Dolmen de la Pierre levée (via Wikimedia commons)

Le même article donne le schéma des stries sur un supposé polissoir, le dessin est très abstrait et moderne.

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– Janville-sur-Juine – Polissoir du Bois de la Bouillie – Entailles et Stries (op. cit).

  • Bruyères-le-Châtel

« La Pierre Beaumirault est un menhir, érigé sur l’actuelle commune de Bruyères-le-Châtel dans l’Essonne, au sud du village, près de la limite avec Breuillet et Égly. Il s’élève dans une zone boisée sur une petite presqu’île artificielle créée sur la rive sud de l’Orge par le creusement d’un bassin de retenue.

Il est constitué d’un bloc de grès de Fontainebleau, grossièrement triangulaire, d’environ 1,90 m de hauteur, large de 2 m à la base et épais de 0,25 m à 0,70 m. Il est fortement incliné « depuis une date inconnue mais ancienne ». Il s’enfoncerait dans le sol sur au moins 1,5 m de profondeur. » (Wikipédia)

L’article de 1898 cite uniquement deux menhirs disparus à Bruyères-le-Châtel.

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– Bruyères-le-Châtel – Pierre Beaumirault

« La plupart des mégalithes sont en grès du Stampien, dit grès de Fontainebleau, roche abondante et facile d’extraction, bien adaptée aux constructions mégalithiques et à la confection de polissoirs. Cette roche affleure en bancs rocheux disséminés dans tout le département [de l’Essonne]. » – Wikipédia.

Seine, Orge et Juine, les mégalithes se rencontrent plus fréquemment près des vallées, où d’ailleurs le travail des rivières déchausse les blocs.

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– Emplacements cités, sur fond de carte d’État-major de 1820

Pierre de Mousseaux, Pierre Fitte, Grande Borne, Murger … Pierre au Jard ? … les lieux dits sont nombreux à rappeler ces monuments qui frappaient tant nos ancêtres.

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– Lieux dits se référant à des pierres, bornes – carte 1820

Noter encore sur le cadastre napoléonien de Forges-les-Bains :

  • Section B de Chardonnet, IV – La Haute Borne
  • Section A de Malassis, I – Les Murgers

Et à Savigny-sur-Orge :

  • Section C de Saint Martin, I – Les Murgers
  • Médiagraphie : gallica.bnf.fr, geoportail.gouv.fr